L’ARTISTE

dimanche 6 octobre 2013, par Jean-Marc Undriener

Premier jour du reste de ma vie (autoportrait ensablé – 122x122cm) © Fusco

Née à l’aube des années soixante en région lyonnaise, Fusco baigne pendant toute son enfance dans la tradition familiale du tissage et de l’impression sur étoffe. Le contact visuel et tactile précoce avec les soieries et les brocarts colorés développent peu à peu chez elle le goût des matières et des couleurs moirées que l’on retrouvera plus tard, comme un fil d’Ariane, tout au long de son travail artistique.

C’est à vingt ans, après plusieurs expositions collectives dans des salons régionaux, que Fusco réalise sa première exposition personnelle, à Bourgoin-Jallieu, avec des torses d’hommes aux reflets de cuivre, d’airain et de bronze. Son travail prend du relief et devient sculpture murale polychrome : visages et corps en relief, parés des étoffes chatoyantes de son enfance.

À chaque période correspond une matière différente. Rupestre et pleine d’aspérités dans la série des Femmes et flammes, toile de jute froissée et peinte pour des corps aux couleurs vives, peinture sur verre dans la série des vitraux, toiles ou plaques de bois empâtées de mélanges à base de fibre de bois et de poudres diverses, Fusco ne cesse de chercher de nouvelles matières pour enrichir ses pigments.

Les expositions se succèdent durant les années 90 dans plusieurs galeries à Lyon, Paris puis dans le sud de la France (Grau-du-Roi, Port-Camargue, La Grande Motte) ainsi qu’à l’étranger, aux États-Unis (Miami) et en Italie (Val d’Aoste). En 1996, Fusco ouvre les portes de son atelier-galerie "Les Rondines" dans le lieu où elle vit, à Meyrié, où les amateurs de ses œuvres et les collectionneurs peuvent suivre son travail en permanence.

Ses thèmes évoluent ainsi que ses techniques, avec toutefois un dénominateur commun : le corps. Fusco explore la plastique du corps humain et vise ainsi à sonder les profondeurs de l’âme humaine, persuadée que notre corps exprime et reflète la part d’invisible qui est en nous. Le corps est la clé de voûte de l’œuvre de l’artiste. Corps de femmes, corps d’hommes, corps entiers ou mutilés, corps en pied ou visages, corps brûlés ou symbolisés, stylisés ou académiques, faits de reliefs et de matières ou de simples ombres, de simples traits, sublimés toujours et parfois mêmes ailés, sous la forme d’anges improbables ou déchus. Mais corps.

Toujours corps.

Fusco assise devant "Le repos d’Icare"

Dans le monde de Fusco, la dimension symbolique, et sans doute aussi symboliste, l’emporte sur le réel. Le rêve est au centre. Le rêve et le mystère qui l’accompagne. L’angoisse aussi, même si elle prend des formes souvent exquises. On se situe souvent sur un fil fragile, entre la vie, la mort et une improbable mais toujours possible résurrection.

Après une série de torses d’hommes et de couples d’inspiration expressionniste, Fusco revient à des nuances plus douces et des thèmes plus apaisés. Envols, en 2007, montre une facette plus mystique de sa recherche artistique, avec ses femmes voilées et dévoilées aux couleurs moirées. Arcanes, en 2009, nous livre une interprétation personnelle des lames des arcanes majeurs du tarot de Marseille. Plus récemment, depuis 2012, avec Être Ange et Femmes Âmes, elle nous plonge dans l’art funéraire italien du début du XXe siècle et nous entraîne dans une nostalgie un peu languide, retour à un trait plus classique et à un académisme assumé, dans une recherche constante de la lumière et de la couleur. Elle expérimente et met au point à cette occasion une technique de brûlage sur bois pour façonner des corps de femmes exclusivement par le feu.

Les années 2000 ont été jalonnées de nombreuses expositions, dont un retour aux États-Unis (New-York, en 2009), ainsi que dans sa région lyonnaise natale (à la Tour médiévale de Morestel, en 2004), et bien sûr à l’atelier Les Rondines qui ouvre régulièrement ses portes aux visiteurs.

Elle collabore également avec Jean-Marc Undriener, pour lequel elle a réalisé les illustrations du recueil zugzwang paru aux éditions centrifuges en 2013, et elle réalise la couverture de Recueil d’absences, poèmes de Miguel Hernandez, traduits par Jean-Marc Undriener, en 2016.

Puis son chemin de vie la conduit vers la découverte de la philosophie Zen et la pratique de la méditation assise. C’est un changement radical qui s’amorce dans sa pratique artistique. C’est le début de plusieurs années d’étude et de recherche sur les Arts du Zen, qui la conduisent au Japon, pour y approfondir ses connaissances. Touchée par la puissance esthétique et spirituelle des karesansui (jardins secs japonais), elle réalise alors des installations et des jardins secs muraux, ainsi que des Visages de Méditants, présentés lors d’une première exposition en 2019, intitulée Zen No Michi (La Voix du Zen).

Puis, né d’une croissante osmose avec la nature, c’est le projet wabi sabi de sa nouvelle recherche : La Voix du Silence. Elle mêle alors des oeuvres créées à l’aide de moyens très restreints (papier, encre), avec des installations d’art éphémère réalisées in situ au moyen d’éléments naturels (branches, feuilles, mues de serpent...). Elle fait alors appel à des techniques ancestrales japonaises telles que le tataki-zomé et le kintsugi revisitées par sa propre créativité.

Fusco est présente dans de nombreuses collections particulières, en France et à l’étranger, dont certaines atteignent plus d’une cinquantaine de ses œuvres.


Une réaction ? Un messsage ?


À LIRE ENSUITE:
© FUSCO 2013-2023 - TOUS DROITS RÉSERVÉS || |